Pratyahara ou le retrait des sens, plus que le 5ème pilier du yoga, est un pont. Il est le lien entre les 4 premiers membres du yoga dits externes (yama, niyama, asana, pranayama) et les 3 derniers dits internes (dharana, dhyana, samadhi). Peut-être pensez-vous ne pas connaître ce 5ème pilier ! Et pourtant lors de votre pratique, vous l’appliquez déjà. Comment ? A chaque fois que votre professeur vous invite à observer vos ressentis, à écouter votre corps. Ou encore lorsqu’il vous suggère de focaliser sur le passage de l’air à travers les narines, la gorge, les poumons, le ventre. Et en dirigeant ainsi votre attention à l’intérieur de vous, vous travaillez prathyara ou le retrait des sens selon Patanjali.
Aphorisme II 54 « L’intériorisation se développe lorsque les sens ne sont plus en contact avec leurs objets et qu’ils atteignent la subtilité du mental ».
Autrement dit, l’écoute intérieure se fait par le retrait temporaire des perceptions « d’origine externe ».
Signification de Prathyara
Généralement Prathyara se traduit par « le retrait des sens ». Et la traduction littérale du mot Pratyahara permet de bien comprendre cela.
« ahara » signifie « nourriture », pratyahara veut donc dire « se retirer de ce dont on se nourrit ». Cela s’applique aux organes sensoriels, il s’agit donc du retrait des 5 sens cognitifs de leurs objets, quand les sens s’abstiennent de se nourrir de leurs objets.
En cherchant à retirer l’attention des sens et en la dirigeant vers l’intérieur nous protégeons notre mental de toute agitation extérieure afin de le calmer, de l’apaiser.
Pratiquer Pratyahara, consiste donc à une écoute attentive active mais sereine de ses perceptions internes.
Bienfaits de la pratique de Prathyara
Nos modes de vie stimulent en permanence nos 5 sens (vue, odorat, goût, ouïe et toucher). Et plus ils sont stimulés, plus ils recherchent la stimulation et focalisent sans cesse notre attention vers l’extérieur, les choses matérielles. Ce mode de fonctionnement entraîne une incapacité à distinguer l’envie du besoin combinée à une incapacité à rester dans le moment présent.
A contrario, l’écoute intérieure permet de se focaliser sur soi-même. Elle nous invite gentiment à revenir à l’essentiel en mettant de côté toutes les distractions que le monde peut offrir. Calmer le flux de vos pensées et en vivre dans le moment présent, vous rendra certainement plus heureux, plus calme, plus serein. Vous sentirez alors votre anxiété diminuer et même d’autres maux tels que les migraines voire la fatigue s’atténuer.
Comment pratiquer Pratyahara ou le retrait des sens, l’écoute intérieure ?
La pratique des asanas et du pranayama prépare à Prathyara. En effet, la pratique physique développe notre conscience corporelle, de façon de plus en plus subtile, en étant attentif à ce que l’on ressent à l’intérieur de notre corps à chaque posture.
De même, ajuster la respiration à nos mouvements, respirer en pleine conscience ramène note attention vers l’intérieur. Elle permet à notre conscience justement de ne plus se nourrir des stimuli extérieurs mais bien de la perception de notre ressenti intérieur corporel.
Ainsi l’inhibition sensorielle demeure une phase de progression naturelle vers une intériorisation toujours plus importante en yoga. Par conséquent, Pratyahara nous mène vers les 6ème et 7ème pilier du yoga Dharana (la concentration) et Dhyana (la méditation). Ce principe en « protégeant » le mental de toute agitation d’origine extérieure, l’apaise et lui rend accessible ces états de conscience.
Prathyara sur et hors tapis
Sur le tapis Pratyhyara consiste parfois à amener son attention sur les différentes parties de son corps (scan corporel). D’autres fois l’attention porte sur sa respiration, ses émotions, ses pensées ou ses sensations (lourdeur, légèreté ou bien détente…). Quoiqu’il en soit le principe reste le même. Il s’agit d’amener le mental à se concentrer sur quelque chose et l’empêcher de se laisser distraire par toutes sollicitations extérieures.
Cette démarche bienveillante, nous conduit à nous situer en tant que spectateur, témoin, comme un observateur extérieur. Elle nous maintient en éveil, attentif à toutes les perceptions Toutefois il est important de garder le mental éloigné de tout commentaire ou jugement. Il suffit de laisser aller et venir les perceptions à leur guise et sans s’y attacher. IL semble nécessaire de prendre du recul et de ne pas s’identifier à elles. Et c’est ainsi que l’on s’ancre alors fermement dans le présent, ce qui calme les fluctuations du mental et l’apaise.
Dans notre quotidien, il nous arrive de pratiquer Prathyara sans s’en rendre compte. Par exemple, vous est-il arrivé d’être tellement concentré par un livre passionnant que vous faisiez abstraction de votre environnement ? Que les bruits environnants présents ne nous déconcentraient pas et que vous n’étiez pas distraits par les stimulations extérieures ?
Pratyahara libère ainsi le mental de ses fluctuations. En l’apaisant il nous permet d’atteindre cet état de calme intérieur qui nous procure ce sentiment de bien-être et de plénitude. Il nous mène alors vers les prochaines étapes (ou pilier ou membre) du yoga comme Dharana (la concentration), Dhyana (la méditation) et Samadhi (la Réalisation de soi, l’Extase).
Pour adopter cette 5ème règle du yoga, rien de mieux que la pratique. Et comme Prathyara se pratique toujours lors de la relaxation de fin de séance…tous à vos tapis ! ? Partagez moi vos ressentis, j’aurai grand plaisir à vous lire
Namasté ?
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