Gratitude
C’est dans ma 50e année que j’effectue pour la première fois une séance de yoga.
Je ne connais alors rien de cette pratique, j’en ai une représentation imagée, un cliché peut-être : le yoga c’est un Bouddha assis en tailleur, les mains jointes et ces mots qui me viennent à l’esprit : tranquillité, sérénité, bambou, couleur vert pâle, douceur, silence.
Le yoga c’est aussi cette phrase tant de fois entendue quand les gens évoquent le stress de la vie quotidienne, les tensions, les douleurs du corps, de l’esprit… cette phrase qui semble venir comme un remède à tous les maux : « tu devrais faire du yoga ».
Comme aujourd’hui j’y suis invitée, je dis oui pour une séance : j’y vais.
Témoignage :
Aujourd’hui, pour moi, le yoga c’est d’abord un lieu où plusieurs individus se rencontrent : un espace, un abri protégé des tumultes de la ville, de la vie, une parenthèse, une pause.
Je suis allongée sur le tapis : repos, détente, yeux clos, je n’ai plus envie de bouger. Puis j’entends la voix du « guide », calme, tranquille, portée par la musique. Elle nous dit le déroulement de la séance, les différentes étapes. Puis nous commençons, une par une, les différentes postures qu’elle nous montre et nomme : vocabulaire nouveau, je découvre un étrange langage : « le langage yoga » peut-être ?
Asana, salutation au soleil, posture de l’enfant, posture du chien, la montagne… comme un nouveau monde, un autre univers…
En réalisant les postures, je prends conscience de ces muscles que je n’utilise pas souvent, de mon corps un peu verrouillé. C’est parfois difficile mais agréable en même temps.
Compliqué aussi de penser à sa respiration, de la synchroniser avec les mouvements. Expirer et inspirer au bon moment. Pour cette fois je laisse tomber, je me concentre sur les mouvements que je découvre.
Certains soulagent mon dos, j’apprécie, je mémorise la posture, je pourrai la refaire. Je prends conscience de chaque mouvement, de chaque geste. On bouge, on évolue lentement dans l’enchaînement des postures.
Je comprends : ici le geste n’est pas mis au service d’un but, d’une action effectuée machinalement (soulever une casserole, se baisser pour ramasser un objet, tourner la tête pour regarder) ici le geste est fait pour lui-même, en toute conscience : c’est le geste pour le geste.
C’est une transformation du geste comme outil matériel en un geste souhaité pour ce qu’il est en soi et nous procure de bien être : une invitation à penser son corps en mouvement.
Parfois je lance un coup d’œil à droite, à gauche je regarde les autres. Comme moi chacun semble centré sur lui-même à l’écoute de son corps en mouvement. On est seul et ensemble dans le travail.
Puis vient le temps de la relaxation : le guide nous invite à s’allonger sur notre tapis, se couvrant d’une couverture. Yeux clos, détendue, c’est un instant de repos partagé, je somnole. Le temps s’écoule … Le guide nous ramène lentement à la conscience, je n’ai pas trop envie de bouger.
Il va falloir quitter la pièce et rejoindre le monde à l’extérieur.
C’est sûr je reviendrai.
Mireille